Guerre du Vietnam et Cinéma, les Etats Unis en guerre.

Publié le par DANANCIER Yves

 
Platoon, Full Metal Jacket, Voyage au bout de l'enfer, Né un 4 Juillet, Apocalypse Now, Les Bérets Verts, Go tell the Spartans,
 
1964 - Sud Vietnam. Le départ des Français d'Indochine conduit à la division du Vietnam, le 17° Parallèle. Au Sud la prise de pouvoir des "nationalistes" suite à un référendum truqué conduit à la création du Front National pour la Libération du Sud Viet Nam (FNL) et aux premières actions de guerilla. En 1961 le président Kennedy portait à 15000 le nombre des conseillers militaires appuyés des premiers éléments d'aviation, qui à l'origine devaient former l'armée de Saigon. 1964, le président Johnson ordonne le premier bombardement de la République du Nord Vietnam.  
 
Le Merdier - Go Tell the Spartans 1977

Ce film permet de redécouvrir les premiers temps de l'intervention US au Vietnam, les moyens militaires et la stratégie ne diffèrent en rien de ceux de l'armée française, gagner des villages et la population civile. La présence de l'armée sud-vietnamienne, la corruption qui gangrène dès l'origine le régime de Saigon sont les données nouvelles de cette guerre et de l'action de ce film.

La fin tragique de ce film vient illustrer l'idée qu'il n'existe pas de "front" dans une guerre civile, que "l'humanité" du soldat ne fait pas bouger les lignes d'acceptation ou non d'une politique impériale.

   

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Le Retrait. Quelques images d'archive viennent illustrer la débâcle américaine, l'ambassade prise d'assaut par des vietnamiens désireux de fuir. Pourtant le film débute de joyeuse manière, un mariage dans une petite communauté orthodoxe russe, une bande de copains d'usine et de bamboche. Plus tard les mêmes, l'un dans un cercueil, l'autre dans un fauteuil d'handicapé, une veillée de deuil et comme un dernier soupir patriotique, "dieu bénisse l'amérique" - et l'usine sidérurgique, lourde présence en toile de fond.

Entre ces deux scènes quelques intrusions dans la guerre du Vietnam, le village brûlé par les uns, les paysans massacrés par les autres, un camp de détention vietcong, la lente dérive vers la folie et Saigon. 

Un très beau film.

   
PLATOON Oliver Stone

Le film d'Oliver Stone cherche à montrer l'effondrement moral de l'armée engagée dans une "guerre totale" qui n'épargne donc pas les populations civiles.

Retour à un état primitif de la violence guerrière qui intègre diverses exactions, le viol, la torture et les exécutions sommaires, dans une stratégie de terreur ? Ou bien violence primitive qui pourrait aussi bien résulter de la seule déshumanisation nécessaire de l'adversaire que l'on doit tuer. De la levée des tabous et des lois qui organisent la vie en société. Démonstration, si besoin en était, qu'il n'y a pas de "guerre propre".

   
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L'offensive du Têt en 1968. Un désastre militaire pour l'armée du Nord Vietnam et le FNL qui perdent dans l'offensive l'essentiel de leurs troupes et ne parviennent pas à rallier les populations civiles du Sud. Ce désastre allait paradoxalement constituer une importante victoire politique, c'est le début du désengagement des Etats-Unis.

Ce film illustre sobrement la formation et l'engagement de troupes US dans la bataille pour le contrôle de la ville du Hue au terme de laquelle il ne restait plus guère d'habitations pour la population civile, plus de 100.000 sans abris sur 140.000 habitants.         

   

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Le film de John Wayne sort en 1968 au plus fort de l'engagement américain au Vietnam et il débute comme un exercice de propagande en faveur de l'intervention militaire et c'est ce qui suscita de vives réactions lors de sa diffusion.

Mais ce n'est pas ce parti pris qui fait de ce film un "mauvais film", mais plutôt le caractère décousu du scénario. Wayne nous entraîne sans trop de cohérence d'opérations conventionnelles à une opération de "neutralisation" bien peu crédible. Pourtant ce sont là deux aspects inséparables de l'action militaire, et c'était effectivement l'objectif des opérations Phoenix menées conjointement par les forces spéciales et la CIA au Vietnam.          

   

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Ce film a marqué une génération. Une succession d'images fortes rythmées par une musique qui cesse d'être d'accompagnement, un souci de l'esthétique plutôt que du réalisme, un "road movie" fluvial sur fond de guerre du vietnam.

Une guerre absurde qui serait l'addition d'aventures ou plutôt de dérives collectives ? Cette guerre n'est pas la continuation du vieux rêve colonial français et fait suite, dans l'histoire des Etats Unis, à la guerre de Corée. la guerre menée au Vietnam participe à délimiter la frontière entre deux systèmes impérialistes; Les protestations organisées par les moines bouddhistes témoignaient pour des populations civiles victimes des deux belligérants.

   

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Le retour. Ce film nous plonge au coeur de l'amérique, un temps les Etats Unis s'interrogent sur les valeurs que cette nation prétend incarner. Le reflet que lui renvoie la guerre menée au Vietnam est terrible, morts et massacres. L'opinion publique est devenue rapidement hostile ou indifférente au sort des vétérans d'une guerre perdue, d'une sale guerre, mais cette indifférence ne portait elle pas en germe d'autres guerres intervenues depuis lors ?

Le film illustre à merveille cette prison que constitue la politique institutionnelle, le happy end de la progression du vétéran vers la tribune de la Convention démocrate ne doit pas faire oublier que ce furent deux présidents "démocrates", Kennedy et Johnson, qui initièrent l'escalade militaire au Vietnam.        

 
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Publié dans Films "Guerre"

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