Epicure philosophe matérialiste de l'antiquité, Paul Nizan

A lire cet essai on imagine fort bien Nizan assis hier encore à la terrasse d'un café de la Place Syntagma, occupé à rassembler ses notes, à observer les mouvements de la rue. La crise que connaissait la Grèce d'Epicure ressemblant trait pour trait à ce que nous connaissons aujourd'hui.
	"Il y a des époques où toutes les possessions humaines, les valeurs qui définissent une civilisation s'effondrent. L'accumulation des richesses économiques à un pôle de la société n'empêche pas l'appauvrissement général. Point de temps plus tragique que le temps d'Epicure.. Aux valeurs d'une grande civilisation collective se substituent des valeurs de combat, aux valeurs civiques, des valeurs d'argent. Un capitalisme de crédit se développe et les nouveaux riches étalent leurs nouvelles fortunes, au moment même où les classes moyennes, ces artisans, ces petits propriétaires, ces marchands, qui avaient été le fondement de la démocratie du V° siècle, disparaissent .. Au milieu de cette débâcle, l'homme restait seul, faisant parfois des rêves de socialisme et de communisme utopiques, laissant parfois exploser sa colère dans des insurrections sanglantes rapidement écrasées.. " Paul Nizan 1938
"Platon avait déjà senti la catastrophe venir. Mais il élabora sa doctrine dans une époque où l'on pouvait encore espérer un redressement de la situation : il appartenait à une classe aristocratique qui voyait le salut commun dans une marche en arrière vers son ancienne domination, dans une révolution réactionnaire capable de recréer une Atlantide disparue. C'était une sorte de grand Joseph de Maistre paien. .. Au temps de Platon, il paraissait encore possible de vouloir le salut collectif de la société. Au temps d'Epicure, on ne peut plus guère vouloir que le salut individuel de l'homme.. Le salut n'est pas dans le ciel, dans l'esprit, dans la mort. Epicure apporte une sagesse matérialiste, qui ne demande qu'au corps et à ses vertus le secret de ne pas mourir désespéré. Il lève ce "drapeau du pain terrestre" dont parle Ivan Karamazov dans le mythe du Grand Inquisiteur." PN
	"Ainsi la race des hommes travaille sans profit, en vain, toujours, et consume le temps dans des soucis vides. C'est évidemment qu'elle ne connaît point la limite de la vrai possession et jusqu'où peut s'étendre le plaisir vrai. Et c'est cela qui nous a peu à peu entraînés dans la tempête et a déchaîné les orages et les ruines de la guerre." Lucrèce
J'espère qu'il sera possible à ce petit livre de trouver un nouvel éditeur. Pour ma part je n'ai pas cherché ici à entrer dans le détail de la philosophie d'Epicure et de ses disciples. Que Nizan nous entraîne dans les débats sur la physique de Démocrite, les atomes, ou s'adossant à Lénine, philosophe, à redécouvrir d'autres liens de l'homme et de la matière, le petit opuscule de manque pas d'un charme ancien.
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	Mourir, une première fois .. Epicure, Montaigne et Pontalis.