"Mort d'un satrape rouge" de G. Delteil - Le crime en politique.

Le crime en politique peut prendre diverses formes(a), les règlements de compte dans les sphères du pouvoir sont parmi ceux là l'équivalent du crime domestique, le résultat de quelque querelle de désamour ou le travestissement d'intérêts plus sordides. Quoiqu'il en coûte en ces temps d'utiliser cette dernière expression pour stigmatiser l'intérêt pour l'argent. Le roman de Delteil nous donne donc à découvrir une "famille élargie", son histoire et donc aussi les "secrets de famille", ces zones d'ombre pieusement oubliées dans les fondations de l'histoire officielle. Le crime, ou plus précisément la mort, permet donc de libérer la parole, au moins dans les coulisses de l'investigation que mène ici le responsable communication d'une mairie. Un roman qui par fragments raconte l'histoire d'une municipalité communiste de la Libération aux années Mitterand. Une histoire de la lente érosion des idéaux, quand conserver le pouvoir devient l'ultime objectif avec ce que cela comporte de soumission aux idées du temps, mépris des luttes ouvrières, racisme. Quand au passage à l'acte, c'est bien d'un dernier marchandage qu'il résulte, du maintien d'une liste d'extrême droite dans une triangulaire, pour garder la mairie. C'était peut être trop pour une certaine personne mais, rassurons nos barons, le cas ne semble pas faire école.  Sans doute un tel roman policier prend il avec le temps un parfum de nostalgie, si les moeurs de la classe politique s'affichent aujourd'hui sans apprêt.
(a) Lire aussi : "SATURNE" de Serge Quadruppani - Attentat et anti-terrorisme en mode européen.
	"Le maire communiste d'une commune de Seine-Saint-Denis est assassiné. Le rédac-chef du journal municipal enquête. Par un auteur accompli du genre, un roman policier fort réaliste qui s'attache principalement, sur fond de gris banlieue, à observer, démontrer et dénoncer les magouilles immobilières, la corruption ordinaire, les fausses factures, etc . Garanti d'époque." Libération.